Nadia Akacha, démission ou révocation ? Incontestablement, l’affaire de l’heure aujourd’hui, le gros buzz des médias, la question qui turlupine subitement dans le pays.
Le personnage compte, il est vrai. A la direction du cabinet présidentiel voilà près de deux ans, voire, amie proche et principale conseillère du Président. L’étonnement est à son comble. Par quoi justifier cette brusque rupture, par quoi expliquer que l’entente modèle ait pu, ainsi, prendre fin ?
Les réponses affluent et varient. Toutes, cependant, se limitent au cadre du palais. Ce sont ou des «désaccords hiérarchiques» entre fonctionnaires de Carthage, ou des «désaccords de clans».
On évoque beaucoup l’autoritarisme de Nadia Akacha et le fait qu’elle «s’appropriait presque» le contact avec Kaïs Saïed. D’aucuns assurent même que les départs de conseillers et autres collègues de cabinet lui étaient, en grande partie, dus. Des animosités, des désirs de revanche, subsistent nécessairement.
Les désaccords de clans sont de «facture» récente. Ils seraient surtout attribués à la venue du ministre de l’Intérieur, Charfeddine, et à l’influence grandissante qu’il exercerait sur le Président. Mais des bruits circulent aussi au sujet de membres de famille «influents». L’opposition à la favorite a davantage pesé.
Limité au «cadre de Carthage», aux «cercles» du Président, le départ de Nadia Akacha (révocation ou démission) a-t-il l’importance que beaucoup lui attribuent, mérite-t-il autant d’intérêt, autant de bruit ? Aura-t-il quelque effet sur la politique, sur la situation du pays ?
Dans son statut FB, l’ex-directrice de cabinet, parle d’un «différend sur des questions essentielles à la Tunisie». «Jawharia» était le mot. Grave, mais hélas, sans plus de détail. Sans la moindre précision. Essentielles, dites-vous Madame. De quelles «essentielles» s’agit-il ? Sont-ce des questions urgentissimes comme d’économie, comme d’endettement, comme de budget 2022, comme de requête au FMI ? Ou, simplement, comme cela a toujours été le cas jusqu’ici, de disputes de pouvoir, de désaccords de hiérarchie et de clans ?
Pas de doute là-dessus. Quasiment jamais. Ce sont nos «essentielles» de la politique. Nos «essentielles» politiciennes. Formulées, juste. Pas plus. Les affaires de l’heure, les gros buzz médiatiques, les questions qui turlupinent subitement servent précisément à cela. A nous détourner de l’urgent, du vrai. A formuler juste, pas plus. A troquer l’essentiel pour le faux.
Mohamed Ali Elhaou
3 février 2022 à 15:47
quelle plume! bravo!